La commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale a examiné le rapport de la mission d'information conduite par Antoine Golliot (RN, Pas-de-Calais) et Emmanuelle Hoffman (EPR, Paris). Fruit de plus de quarante auditions et de près de 400 pages d'analyse, ce travail articule ses recommandations autour de trois axes stratégiques : protéger, investir et diffuser. C'est dans ce dernier volet que s'inscrivent les propositions relatives à la formation et au développement des compétences.
Les rapporteurs insistent sur la nécessité d'intégrer l'intelligence artificielle dans le socle de formation dès l'école et de renforcer les filières scientifiques et numériques. Pour l'enseignement professionnel et l'alternance, le rapport préconise spécifiquement de former les apprentis aux usages de l'IA, reconnaissant que ces compétences deviennent indispensables dans tous les secteurs d'activité.
S'agissant de la formation continue, les recommandations portent sur un renforcement de l'accès à la VAE (Validation des Acquis de l'Expérience) et au CPF (Compte Personnel de Formation) sur les compétences liées à l'IA. Le rapport appelle également à intégrer les besoins en compétences IA dans les Contrats d'Objectifs et de Moyens (COM) des opérateurs de compétences (Opco), afin d'assurer une coordination entre les priorités sectorielles et les enjeux technologiques émergents.
Pour accompagner les TPE et PME dans cette transition, souvent tenues à l'écart faute d'accompagnement adapté, le rapport propose la création d'un fonds de transition numérique conditionné à des obligations de formation. Cette mesure vise à garantir que l'investissement technologique s'accompagne d'un développement effectif des compétences des salariés. Les rapporteurs recommandent par ailleurs un appui renforcé aux dispositifs existants tels que FranceNum et Bpifrance, qui constituent des relais essentiels pour la diffusion de l'IA auprès des plus petites structures.
Le rapport souligne que l'IA doit également être inscrite dans le dialogue social, reconnaissant que sa diffusion engage profondément l'organisation du travail et l'évolution des métiers. Les chambres de commerce, les pôles de compétitivité et les centres techniques sont appelés à jouer un rôle actif dans cet accompagnement territorial.
L'agriculture figure parmi les secteurs prioritaires identifiés pour l'application de l'IA, notamment pour l'optimisation de l'irrigation, la réduction des intrants et l'anticipation climatique. La santé et la recherche constituent également des champs d'intervention majeurs, nécessitant un effort particulier de formation des professionnels.
Les rapporteurs concluent en rappelant que l'IA n'est pas qu'une question technologique, mais qu'elle engage le travail, les compétences et l'emploi. Un effort massif de formation, de l'école à l'entreprise, constitue selon eux la condition pour faire de l'IA une force au service de la compétitivité et de la souveraineté nationales.