Modèles économiques des CFA à l’aune de la mise en place du financement au coût-contrat et de la Covid-19

01-12-2020 | 6 mins
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France compétences publie une étude sur les impacts du financement au "coût-contrat" (issu de la réforme Avenir professionnel) et de la Covid-19 sur la rentrée 2020 des CFA. Si les trois quarts des établissements interrogés estiment que la réforme a induit une hausse des apprentis accueillis, 95 % des CFA ont rencontré des difficultés liées à la mise en œuvre du "coût-contrat".

Description longue

La réforme pour la liberté de choisir son avenir professionnel a profondément impacté l’apprentissage et son système de financement. Ce dernier passe d’un conventionnement entre les Régions et les CFA, à un financement au « coût-contrat ».

Afin de mesurer les conséquences de cette réforme et les effets induits par la crise sanitaire, France compétences a initié une étude courant octobre 2020, sur les modèles économiques des centres de formation d’apprentis.

Pour mener à bien cette étude, 298 CFA ont répondu à un questionnaire en ligne. Ces premiers résultats ont été complétés par une série d’entretiens téléphonique. Au total, ce sont près de 600 CFA qui ont été consultés.

Principales caractéristiques des CFA interrogés

  • 79% des établissements interrogés sont des structures privées
  • 81% propose une autre activité de formation
  • 66% dispose d’un seul site
  • 54% relèvent majoritairement du secondaire
  • 33% ont moins de 70 apprentis

Des effectifs d’apprentis très majoritairement en hausse

En comparaison avec l’année 2019, 75% des CFA interrogés estiment que leur effectif d’apprentis sera en hausse, 16% prévoit une stabilité du nombre de jeunes en contrat, et 8% envisagent une baisse de leur effectif.

Hausse des apprentis accueillis sans contrat

La dernière réforme de la formation professionnelle, conjuguée aux mesures prises dans le cadre du plan de relance apprentissage, permettent aux CFA d’accueillir dans leur établissement des apprentis sans contrat durant 6 mois. 34% des CFA interrogés prévoit une hausse des apprentis accueillis sans contrat, tandis que 48% prévoit un effectif stable des apprentis encore en recherche d’employeur.

La réforme et la crise sanitaire ont accru, pour plus de la moitié, les dépenses des CFA

Concernant les dépenses et les ressources des CFA, 65% des CFA déclarent que leurs dépenses ont augmenté en 2020. Ils imputent cette hausse par la réforme de 2018 (pour 67% des CFA) et par la crise sanitaire et sociale actuelle (55%).

44% déclarent en revanche que leurs ressources ont progressé.

46% des CFA estiment que leur bilan comptable sera à l’équilibre, 22% prévoit un bilan excédentaire et 19% envisage un déficit.

La moitié des CFA apprécient la meilleure visibilité comptable induite par la réforme

Lorsque l’on interroge les CFA sur les avantages de la réforme, ces derniers citent principalement qu’elle a entrainé une meilleure prévisibilité des recettes (51%), ainsi qu’une harmonisation des financements entre CFA (43%).

Les rapports avec les Opco, principale difficulté des CFA

Cette réforme a toutefois causé des difficultés à 95% des CFA. Ces difficultés relèvent majoritairement par les nouveaux échanges qu’ils ont dû instaurer avec les Opco. Pour rappel, la réforme de la formation professionnelle a engendré la création des Opérateurs de compétences. Ces derniers ont notamment pour mission de financer les CFA selon le nombre de jeunes accueillis.

Les CFA déclarent au titre des difficultés rencontrées le temps consacré à la facturation et l’encaissement des contributions Opco (pour 78% des interrogés). Le fait de créer une « nouvelle relation » avec ces Opco a été perçues problématique pour 62% des centres de formation d’apprentis.

Une offre et un modèle pédagogique en évolution

85% des CFA interrogés déclare que cette rentrée 2020 a nécessité de nouvelles adaptations pédagogiques. La formation en distanciel, l’implication des entreprises dans le parcours de l’élève, ainsi que la plus grande mobilisation des situations de travail prennent une place de plus en plus prégnante dans la pédagogie.

54% des CFA ont élargi leur offre de formation (particulièrement les CFA du supérieur) et 11% comptent en supprimer. Plus de la moitié des ouvertures de nouvelles sections de formation concerne des formations de niveau 5, 6 et 7 (bac+2 et supérieur). En cette rentrée 2020, les sections de formation les plus touchées par les suppressions sont les formations de niveau 3 à 5 (CAP, BEP, Bac Pro).

Diverses stratégies entreprises pour adapter le modèle économique des CFA

Afin d’adapter leurs modèles économiques, diverses stratégies sont entreprises par les CFA. 39% comptent faire évoluer à la hausse le ratio d’encadrement administratif de leur personnel (notamment au regard du temps nécessaire devant être consacré à la facturation et aux encaissements des contributions Opco). Et 31% des CFA ont prévu de faire évoluer à la hausse la part du ratio pédagogique dans les coûts de leur formation, notamment au regard des nouvelles missions attribuées aux établissements.

 

Cette étude sera prochainement complétée par une série d’entretiens qualitatifs, permettant d’approfondir la compréhension des modèles économiques des CFA.

Télécharger l'étude