Contenu pédagogique
"C'est une pièce, nouvelle, inédite, inachevée peut-être, pour un nombre indéfini de comédiens et de comédiennes. Ce serait le matériau premier d'un stage, d'un atelier, mené sur deux semaines par Thierry Harcourt et moi-même, chacun travaillant une semaine entière sur l'ensemble du texte, distribué pour l’occasion. La thématique : la folie. Mais surtout : tout autour de la folie. La pièce raconte une perte de repères, une folie sans doute, comme on dit « perdre les pédales ». Perte de tout contrôle sur tout. « Le fou, c'est celui qui a tout perdu sauf la raison. » Le drame, la trame, c'est ici l'aventure tragique d'une femme qui perd pied, qui s'égare et s'enlise dans son délire. Autour, il y a du monde. On la suit, on enquête, on cherche à comprendre. On l'accompagne, ou on la pousse, on la rejette, ou la soutient. Mais peut-on représenter décemment la folie ? Comment ça marche ? Depuis quels moteurs, quels ressors, un comédien, une comédienne, va comprendre, lire, interpréter ce monde à part, interdit, inaccessible ? Et les autres, comment réagissent-ils, agissent-ils sur cette folie ? Peut-on seulement contrôler la folie, la re-cadrer, la placer sous contrôle, l'apaiser ? Est-ce que cela vaut seulement vraiment la peine ? Ici, ce n'est pas tant la folie d'une femme qui va nous intéresser, mais l'entourage tout entier de celle qu'on dira folle. Comment il se déplace, cet entourage, comment il s'organise, s'agite, se protège, se défend autour d'elle ? L'autorité médicale, la famille, les animaux sociaux, et les fantômes, bien sûr, que la folie sollicite et invoque. La scène pourra devenir cet espace de laboratoire d'une possible tragédie humaine, contemporaine, dans l'étude d'un portrait de femme que son entourage a précipité dans la folie. Quand une société entière semble se liguer pour qu'un individu plus faible, moins productif, moins rentable, en soit éjecté, exclu, considéré comme fou. Que faire d’un matériau comme celui-ci, elle est aussi là, la question. Peut-on, avec deux metteurs en scène successifs, aux univers et aux parcours contraires ou contradictoires, s’emparer d’un même thème et d’une même texte, le lire, l’étudier, le comprendre, le monter et le jouer en deux semaines ? Oui, ça aussi, c’est une sorte de folie. » " (Pierre Notte)