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Vers un nouveau modèle économique des OF ?

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Sylvain Vacaresse, directeur de Learning Salad et fondateur de Skillbar, donne ses clés de compréhension sur les mutations de la formation au vu du développement du digital et des évolutions réglementaires.

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Sylvain Vacaresse, directeur de Learning Salad et fondateur de Skillbar, témoigne sur le changement du modèle économique des OF pour Communotic Normandie au vu du développement du digital et des évolutions réglementaires.

L’évolution des coûts d’un organisme de formation avec le digital

Sylvain Vacaresse évoque la pandémie et l’organisation mise en place par les OF pour poursuivre la continuité pédagogie par la classe virtuelle. La pandémie a eu un effet démultiplicateur au niveau de la formation digitale que ce soit en termes d’offre, de structure de coûts ou de périmètre couvert.

Les formateurs ont pris conscience de la nécessité de mettre des ressources disponibles consultables à distance, et d’accompagner les stagiaires en asynchrone. Les directions des structures ont identifié des nouveaux coûts d’animation et de remédiation. « Pour moi, la question est celle du décalage qui existe, et qui va exister de plus en plus, entre les coûts engagés et les revenus générés », estime Sylvain Vacaresse.

Le modèle économique de la formation est lié à l’offre de services et aux modalités du financement d’une action de formation. Sylvain Vacaresse constate que les contenus numériques n'ont pas de valeurs en soi. Ils coûtent chers à produire mais ne sont pas vendables. Des concepteurs de ressources fournissent des catalogues de formation en accès libre voire payant avec un abonnement très faible, ces derniers comptant sur la massification des contenus diffusés. Les ressources pédagogiques ont ainsi une valeur marchande très faible. La question du prix d’un service de tutorat et de sa prise en charge va s’imposer. « Comment je valorise le tutorat et comment je le fais payer, comment je génère des revenus à partir d’une action d’accompagnement… Exemple de la classe inversée qui nécessite beaucoup de ressources et réduit les heures du formateur en synchrone. Or les ressources ne sont pas valorisables, il va falloir valoriser l’accompagnement… Cela va modifier les prix pour les OF ».

Le tarif d’une formation ne sera plus forcément fixé en fonction de sa durée, mais de sa valeur ajoutée.

Les évolutions des modalités pédagogiques et les changements du cadre réglementaire impacte ainsi le modèle économique des OF basé sur le coût horaire de la formation.

OF, assembleur de services connexes à des contenus

Sylvain Vacaresse imagine que le modèle économique sera mixte pour un OF. Une offre de formation classique et un programme de ressources disponibles pour accompagner des personnes à atteindre leur objectif. Le formateur pourra toujours apporter de la valeur aux ressources existantes en intégrant des éléments de contextualisation ou créer de nouvelles ressources. De son point de vue, le métier va se morceler : « Il y aura des éditeurs, des producteurs de ressources, des structures mettront en place des dispositifs, peut-être que des sociétés de services se développeront uniquement pour le tutorat, exemple le coaching de motivation, on peut imaginer que nous serons dans un système multi-acteurs… »

Pour conclure l’interview, Sylvain Vacaresse évoque de nouvelles pistes potentielles pour les OF : l’évaluation et la certification. Ces deux champs sont à forte valeur ajoutée et peuvent être des ressources potentielles. Le périmètre couvert et les indicateurs d’une action de formation, pour lui, seront probablement revisités lors de la prochaine réforme de la formation professionnelle pour pouvoir mieux gérer la multimodalité.

L’articulation entre la formation classique et individualisation est à construire, Sylvain Vacaresse nous invite dans le mot de la fin à être curieux et de regarder les autres secteurs transformés par la digitalisation comme la musique, le cinéma, la banque, pour nous inspirer de leur cheminement.